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Eau potable : fuite dans les canalisations...

Elissa Cousin et Emmanuelle Taugourdeau du CES (ENS Paris-Saclay) signent un article "An analysis of water main quality indices of French and American water utilities", tiré d'une publication académique paru sur le Global Water Forum.

La qualité des canalisations approvisionnant la population en eau potable est un enjeu mondial important puisque dans bon nombre de pays développés, les canalisations datant des années 60 ou 70 sont aujourd'hui obsolètes et posent un certain nombre de problèmes. 

En France, environ 1300 milliards de litres d'eau sont perdus chaque année (soit une moyenne de 23% de l'eau qui transite par les canalisations) sans pour autant que les gestionnaires des réseaux d'infrastructures en eau ne fassent de gros efforts d'investissement pour réduire ces fuites. 

Aux Etats-Unis, le taux moyen de fuite des canalisations est de l'ordre de 16%, mais peut atteindre 45% selon les Etats ou régions considérés. 

Ces pertes en eaux potables sont de véritables catastrophes écologiques qui ne semblent pas retenir une attention suffisante de la part des décideurs publics puisque le taux de remplacement des canalisations défectueuses ne dépasse pas 1% par an. 

Un modèle économique pour minimiser les coûts

Dans leur article, Elissa Cousin et Emmanuelle Taugourdeau proposent un modèle économique statique de minimisation des coûts d'un réseau de distribution en eau potable. 

Le but de ce modèle est de déterminer un indice optimal de la qualité des infrastructures. Le modèle  intègre un certain nombre de paramètres comme le coût de pompage et traitement de l'eau ou le taux de fuite. Il permet d'analyser l'impact de la répercussion du niveau de la qualité des infrastructures sur le prix de l'eau et sur la demande. 

Ce modèle est simulé  pour des agences américaines et françaises ce qui permet de mettre à jour des hétérogénéités géographiques notamment. 

Qualité des infrastructures en question

Les résultats principaux montrent que la qualité des infrastructures (âge et matériaux utilisés) observée aujourd'hui est souvent en deçà de l'indice optimal déterminé à partir du modèle théorique et calibré sur données françaises et américaines alors que la calibration tend à donner une estimation faible de cet indice. 
De plus, les auteurs montrent que l'augmentation de la qualité des infrastructures est particulièrement sensible au coût de pompage et de traitement de l'eau. 

Dans le cas d'une répercussion importante du niveau de qualité sur le prix, l'augmentation de la qualité des infrastructures implique cependant une hausse des prix relativement modérée.  

Enfin, le cas des réseaux américains met en avant de fortes hétérogénéités géographiques qui peuvent expliquer le retard pris par certaines régions dans les travaux de rénovation des infrastructures.

Global Water Forum

Cet article de vulgarisation "An analysis of water main quality indices of French and American water utilities", paru sur le Global Water Forum le 28 novembre 2016, est tiré d'une publication académique : Trade-off between water loss and water infrastructure quality: A cost minimization approach» co-écrit avec Elissa Cousin, Water Resources and Economics, pp. 28-42, 20.